Mieux comprendre
Les motifs du mécontentement :
La réforme du statut des enseignants-chercheurs : la modification du décret de 1984 sur le statut des enseignants-chercheurs concrétise le transfert de la gestion des carrières des personnels aux universités, qui découle de la loi sur l’autonomie. Elle leur confie la possibilité de “moduler” le service des enseignants-chercheurs (répartition entre enseignement, recherche, tâches administratives ou pédagogiques). Elle prévoit une évaluation renforcée, portant sur l’ensemble de leurs activités, tous les quatre ans, par le Conseil national des universités (CNU, composé en totalité de leurs pairs). La question est de savoir si son avis sera suivi par le président d’université. Les décisions des présidents d’université doivent être motivées et publiques et l’enseignant-chercheur peut solliciter un réexamen, souligne le ministère. Les enseignants-chercheurs craignent l’arbitraire des présidents, une hausse des heures d’enseignement et une atteinte à leur indépendance. Dans sa version du décret transmis en Conseil d’Etat, Valérie Pécresse a apporté deux modifications : un professeur bien évalué ne pourra pas se voir imposer plus d’heures de cours que le service de référence ; par ailleurs, plus de poids a été donné au CNU dans les promotions. Des modifications qui n’ont pas pour autant convaincu ses opposants.
La réforme de la formation des enseignants : à partir de 2010 tous les enseignants du primaire et secondaire seront recrutés au niveau “master 2” (bac +5). La formation est donc confiée aux universités. Dans ce cadre, l’année de stage en classe effectuée actuellement en 2e année d’IUFM (Institut de formation des maîtres) sera supprimée. Selon les étudiants et les syndicats enseignants, les stages d’observation en master 1 ou 2 ou celui (3 mois) de responsabilité en master 2 proposés à la place ne remplaceront pas cette année professionnelle. En outre, pour eux, la réforme vise à économiser en 2010 des milliers de postes d’enseignants stagiaires qui aujourd’hui sont rémunérés. Par ailleurs, les présidents d’université, chargés de proposer au ministère de nouvelles maquettes de “master d’enseignement” d’ici le 15 février, critiquent la précipitation dans laquelle s’est faite la réforme. Nombre d’universités ne rendront pas les maquettes à temps et entendent en proposer en 2010 également.
Les suppressions de postes : le supérieur bénéficie en 2009 de 1,8 milliard d’euros supplémentaires. Syndicats et étudiants dénoncent un budget en “trompe l’oeil” (nombreux dispositifs fiscaux) et déplorent la suppression de 900 postes (aucun enseignant-chercheur n’est concerné, affirme le ministère) alors que les universités sont amenées à se réformer.